vendredi 5 octobre 2018

Aux amours solitaires

Amours solitaires, quel étrange titre pour chapeauter une collection des plus beaux traits d'un Cupidon dont Psyché a toute la dilection.

Je ne dis jamais "je m'aime". Non que je n'aimasse pas, mais cet amour-là est toujours un "tien", un "c'est-à-toi", un "c'est-tout-toi" :

"Je t'aime".

Est-il phonèmes plus beaux que ceux-là accolés ?

En ce lieu l'amour n'est jamais solitaire. Il est toujours un toi et un moi. Et si moi je suis sans toi, toi, tu résonnes, ici et là, sur les parois du monde dont, moi avec toi, je m'habille.

Ainsi ce monde me suis de ton être et il me sied, aussi, qu'il soit un "je suis ce monde-ci" qui est toi. Ce monde qui nous entoure est un entre-nous, hors-de-nous, rien-qu'à-nous, et pourtant ...

Pourtant ce qui résonne entre toi et moi résonne aussi chez ces autres "toi et moi". L'expérience la plus singulière d'être-à-soi qui nait de la réponse amoureuse à l'être-pour-toi, cette expérience est aussi intime qu'elle semble universelle.

C'est ici que le miracle se produit. Au plus intime de l'être, et au plus extérieur, qu'est-ce qui luit ainsi, si ce n'est Lui ?

Sans luisance, les amours sont solitaires.

Quel titre étrange que celui donné à cette page qui flamboie de la nitescence de ce "je t'aime" dans lequel nichent, dans une même essence, toi et moi.

Cela fait sens... Sens vers Lui, qui explore Eros, le ver luisant des rêves nocturnes de Psyché. Lui qui se perd, fou, en Lui-même, en son Logos.

Toi et moi perdons la Parole quand résonne dans le cosmos tout entier notre écho. C'est dans cette chute, ce trouble, que nous ressaisissons notre être et pouvons nous émerveiller de cette lumière d'autant plus brillante qu'elle vacille.

Quand Logos vacille avec Eros, ce qui se tient entre toi et moi s'amenuise, se réduit un instant à un "presque-rien" qui fait de nous un "presque-tout".

Je t'aime est le moment ou la Parole s'élève et chute.

Chut...