mercredi 7 février 2018

Un oiseau en hiver

 
 
Au milieu d'une plaine gelée,
Le noir corbeau, 
Tranquille et solitaire
Fouille de son bec expert, 
Le sol brillant d’un éclat argenté.
 
Ce qu’il cherche, nul ne le sait. 
Quelques graines à picorer ? 
Quelques trésors abandonnés ? 
Dans cette solitude blafarde 
Nul n’est présent pour le lui demander.
 
Il poursuit son ouvrage 
D’un oeil droit et sûr 
Piquant ici et taillant là 
Relevant la tête sans un bruit ni murmure 
Semblant ne rien trouver ni jamais être las.
 
C’est alors qu’il s’arrête 
Le bec mi-noyé 
Puis secoue, tire en biais, d’un côté 
Puis de l’autre, et d’un mouvement sec 
Relève la tête, semblant avoir trouvé.
 
Qu’as tu là vieil oiseau que l’on dit de malheur ? 
Qu’as tu donc trouvé qui comble ton bonheur ? 
Quel est l’objet, celui de ton désir 
Qui t’a amené ici, à manquer de périr ? 
 
Qui sait ce qu’il pense 
Ce qu’il pourrait nous dire Sans flottement ni errance 
Il déploie ses ailes 
Et laisse voir son cuir.
 
La Lune, son amie, le guide dans les airs 
Gardant sa vive allure et son regard fier 
Il tient dans son bec son trésor mystérieux 
Mimant, par cet entrefaite, les messagers des dieux
 
Alors il ralentit et incline la tête 
Sa nouvelle direction pointe une maisonnette 
Bordée d’un lac gelé ou rien n’y vit ni meurt 
Il se pose et semble attendre l’heure.
 
Un point noir apparait 
Dans l’horizon lugubre 
Le corbeau patiente, et la forme grossit 
La chose est proche et c’est un drôle d’ami 
Qui se présente au messager des nuits.
 
Un cygne noir qui semble triste et honteux 
Les plumes maigres et le bec noueux 
Il serait comme mort s’il ne posait son regard 
Brillant de larmes claires sur le beau corbeau noir.
 
Ce dernier, sans un chant ni un bruit, 
Enfonce de son bec, dans le cygne qui crie 
Son trésor, cette graine, en plein milieu du cœur 
Cette relique sacrée dans ce cygne qui pleure.
 
Le cygne s’effondre, le corbeau s’en retourne 
Sans remord, ni regret, il va où il séjourne. 
Ce n’est plus son affaire mais celle du temps qui passe, 
Eté arrive, du cygne noir nous ne trouverons plus trace.
 
A la place se dressera un bel oiseau blanc 
Aux plumes majestueuses et au merveilleux chant
La forêt et les plaines chanteront avec lui 
Des cantiques royaux pour l’Astre qui luit !

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