lundi 27 février 2017

Intuition #1 : sexualité et contrôle de soi

De l'agapè grecque qui désigne toute forme d'amour désintéressé au "minne"allemand qui désignait les formes "nobles" de l'amour qu'étaient celui pour le nécessiteux, pour Dieu et celui qui se situait entre l'époux et l'épouse, nous sommes amenés à nous demander pourquoi la sexualité, comme acte d'amour, est-elle bien souvent mise de côté dès que nous envisageons, dès que nous pensons, à l'amour noble, désintéressé, "pur" ...

Est-ce parce que la sexualité relèverait d'un "besoin" et donc que sa réalisation serait moins le signe d'un don que d'un assouvissement ?

Mais Dieu a-t-il besoin de notre amour ? Non, pas dans le christianisme dans lequel Dieu est autosuffisant. C'est l'homme qui a besoin de Son amour. Ce qui mettrait la relation envers Dieu sur le même plan que la sexualité : celui du besoin, de l'assouvissement.

Se doit-on d'aimer son  époux ou son épouse sans rien attendre en retour ? Sans doute, mais si cela était vraiment le cas pourrions-nous dire que notre conjoint nous aime ? Non, par définition. Peut-on parler d'époux si l'amour va dans un seul sens ? Où plutôt : une telle configuration est-elle la forme idéale de l'amour sponsal ? Il serait étonnant de répondre par l'affirmatif !

Reste l'amour pour nécessiteux, celui qui doit recevoir pour vivre mais ne peur rien donner en retour.

Faut-il avoir honte du besoin ? Tout don ne répond-il pas à un besoin ? Si l'amour pur relève du don pur, alors il faut des nécessiteux pour qu'il puisse se réaliser. Mais qu'est-ce que l'acte sexuel sinon le moment ou deux nécessiteux se donnent l'un à l'autre ?

Pourquoi l'acte charnel ferait-il perdre à l'amour sa "beauté pure" ? Pourquoi est-il caché ?

Cela relève du domaine de l'intime me direz-vous. Oui, c'est vrai, mais quelle en est la signification ? Que ce passe-t-il dans l'intimité qui fait perdre à une volonté sa grandeur ?

Très probablement la manifestation de sa faiblesse, de ses failles, et peut-être quelque chose comme le ridicule.

L'acte sexuel peut être drôle, ridicule et parfois même pitoyable. Il est rarement "grand" et "pur" si nous le regardons. Pourquoi ?

Parce que nous associons à la grandeur et à la pureté la maîtrise de soi. C'était tout le problème des stoïciens concernant l'acte charnel et il parcours toute la théologie chrétienne antique.

Pourtant la manifestation de sa faiblesse comme grandeur d'âme est bel et bien au centre de la relation entre l'homme et Dieu dans l'amour chrétien. Et il n'est pas étonnant de constater que le Moyen Âge exprimera cette relation avec des images très sensitives, très charnelles.

Le stoïcisme ne pèse-t-il pas trop sur la conscience chrétienne ?

L'occident chrétien n'avait-il pas toutes les clés en main pour développer une esthétique de la faiblesse de la chair, du désir, qui conduise l'acte sexuel lui-même parmi les plus belle manifestation de l'amour ?

Je pense que cet Occident a frôlé cela, il l'a même réalisé allégoriquement dans les représentations de l'amour entre le mystique et Dieu. Mais, étrangement, ce qui se passe entre deux amants est resté cloîtré dans les bas-fonds des sentiments impurs.

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