mercredi 28 août 2013

O heol meurdezus e Breizh

℟. O, heol meurdezus e Breizh
Pa kanomp neuze an nozvezh
Ent gwir, n'eoket bravoc'h
eget da eured evit ar mor ?

[ Traduction :
Ô, beau soleil de Bretagne
Quand à la veillée montent des chants joyeux
N'est-il rien de plus beau
Que tes noces avec la mer ? ]


Le cul posé sur ce mur qui borde la mer
Retirée, je peux contempler cette étrange terre
Sableuse, aux navires échoués, aux saillies rocheuses
La Bretagne qui ouvre la mer, son amoureuse

℟. O, heol meurdezus e Breizh ...

On y mange, on s'y promène tout le long de ces pierres
Et on y roule sur son bitume, on s'y affaire.
On s'y attend, on pleure, on s'aime sur ce muret,
Ce jubé qui trace la limite d'une mer sacrée.

℟. O, heol meurdezus e Breizh ...

La plage qui est à deux pas, on ne s'y avance pas,
Dans ce désert de sable monte l'encens des embruns.
On entre comme dans un choeur, avec chants et refrains,
Et avec nos prières qui montent avec nos voix

℟. O, heol meurdezus e Breizh ...

Qu'on s'avance un peu plus, voici le Saint du Saint
Nous voici sur le parvis, aux pieds des Mystères.
Aux pieds de cette mer que nous passerons demain,
Quand nous quitterons enfin la terre de nos Pères.

℟. O, heol meurdezus e Breizh ...

N'ayez crainte la Mort n'y puisera pas sa victoire.
La Bretagne, au bout du monde, le sait chaque soir.
Le jour d'après sera de nouveau un matin,
Et nous chanterons d'une voix haute et claire ce refrain :

℟. O, heol meurdezus e Breizh
Pa kanomp neuze an nozvezh
Ent gwir, n'eo ket bravoc'h
eget da eured evit ar mor ?

Jean-Baptiste Bourgoin à Lilia, devant la mer, le 28 août 2013

samedi 24 août 2013

Le voile de Maya

Le bel écrin de porcelaine froissée
Ne pouvait empêcher son pied de percer
Un brusque soubresaut, réveillée
Par l'étouffante chaleur de son corps dénudé

Jamais plus, jamais plus ! dit-elle
Jamais plus, m'entends-tu ? se dit-elle

A l'ectoplasmique salade de la veille
Elle jeta un regard, vermeil.
Se ruant à la porte des mensonges
Elle passa son visage clair à l'éponge

Dehors, dehors, dit-elle
Allez, sors, se dit-elle

La joie du matin clair à l'air parfumé
Emplissait ses poumons d'une fraîcheur renouvelée
Jalouse et désireuse d'être belle à la rivière
A faire envie-rêver les princes jeunes et fiers

Cui-cui les p'tits oiseaux
Flic-floc les gouttes d'eau

Déjà midi.

Trace la route, fait gaffe aux sycomores
Fait circuler ton sang de la vie à la mort.
Le moteur vrombissant élucide tes problèmes
De conscience erronée, capitonnée dans tes peines

Tu étouffes, fais filer la voiture !
Fait tourner le starter, Carbure !

V'là l'voleur de rêve, vl'à les étoiles
Dépêche-toi, dépêche-toi d'prendre ton voile !
Maya ! Grouille, arrive la nuit!
Ton fric, ton âme, ton corps, donne-les lui !

Vas-y ! Prends !
Vas-t-en tuer le temps !

Un triste feu d'artifice terrasse tes pensées,
Quelques éclats de vis, vicieuse, t'es couchée,
Rendors-toi, Maya, rendors-toi
Dans ton bel écrin blanc, vois !

De Saint-Pabu à Brest, le 24 août 2013